PARIS (Reuters) - Objectif 6% de taux chômage : Dominique de Villepin s'est projeté lundi dans l'avenir, à l'instar de Jacques Chirac, pour prôner "une politique de l'emploi active" sans "pause, ni retour en arrière" au cours des dix prochaines années.
"Nous serons passés en deux ans de plus de 10% à 8% de taux de chômage. L'objectif, désormais, c'est de passer de 8% à 6%", a dit le Premier ministre lors de la remise du rapport annuel du Centre d'analyse stratégique, l'ex-commissariat au Plan.
Dominique de Villepin n'a pas fixé de calendrier.
Le taux de chômage s'est établi à 8,7% de la population active en novembre 2006, son niveau le plus bas depuis juillet 2001.
"Partant de ces résultats, nous devons être très lucides sur l'évolution de l'emploi en France au cours des dix prochaines années", a souligné Dominique de Villepin, dont le mandat s'achève dans moins de quatre mois.
"Le chômage ne baissera pas sans une politique de l'emploi active. (...) Notre pays ne peut se permettre ni pause, ni retour en arrière", a-t-il lancé, comme une invite aux futurs tenants de l'exécutif.
Le Premier ministre a rejeté les "logiques malthusiennes" et souhaité de "nouveaux instruments".
"L'évolution de la démographie n'entraînera pas mécaniquement une baisse du chômage. Ce n'est pas parce que la population active diminuera que le chômage disparaîtra", a-t-il jugé.
"FLEXI-SECURITE A LA FRANÇAISE"
Au nombre des nouvelles pistes, Dominique de Villepin a défendu le projet controversé de fusion entre l'ANPE et l'Unedic avancé par Jacques Chirac.
"Il faut y aller étape par étape, avec le souci de prendre en compte les réserves, les susceptibilités, les inquiétudes, voire les peurs de chacun. Il faut voir comment l'ensemble s'articule et, bien sûr, le faire directement en relation avec les intéressés eux-mêmes", a-t-il précisé.
Il a de nouveau plaidé pour une "flexi-sécurité à la française" et une "remise à plat" du système d'allocations-chômage.
Relevant le risque d'un marché du travail à deux vitesses en en France, le rapport du Centre d'analyse stratégique, intitulé "La société française : entre convergences et nouveaux clivages", propose l'institution d'une année de formation gratuite pour les moins qualifiés.
"Dans les dix ans qui suivent l'entrée sur le marché du travail, une année de formation complète devrait être offerte à tous ceux qui n'auraient pas atteint un certain niveau d'études ou de qualification", a dit Dominique de Villepin.
Le rapport préconise en outre un dispositif financier en faveur des jeunes sans ressources suffisantes qui souhaitent acquérir une qualification ou un diplôme de bon niveau.
"Poursuivre la réforme des bourses est une piste. Elle pourrait s'accompagner de la mise en place d'un système de prêts avantageux", a avancé le Premier ministre, qui a demandé au Centre d'analyse stratégique des propositions d'ici le 15 février.