L'essai nucléaire nord-coréen probablement effectué dans un tunnel
SEOUL (AFP) - L'essai nucléaire annoncé lundi par la Corée du Nord, dont la puissance était sujette à des estimations contradictoires, a probablement été mené dans un tunnel d'une montagne du nord-est du pays, déclenchant une secousse sismique artificielle, selon des experts sud-coréens.
Selon un parlementaire sud-coréen, des responsables des services de renseignement ont expliqué au Parlement que le test avait vraisemblablement été effectué dans un tunnel horizontal creusé au coeur d'une colline de 360 mètres de haut.
"Si l'on considère la hauteur de la montagne, le test semble avoir été effectué dans un tunnel horizontal", a indiqué le parlementaire, citant un expert des services spéciaux.
Selon lui, la colline se situe à proximité du pas de tir de missiles de Musudan, dans la région de Hwadaeri, près de la côte nord.
Une précision confirmée par Chi Heon-Cheol, chef du Centre de recherche sismique de Daejeon, en Corée du Sud, qui a indiqué qu'une activité sismique artificielle avait été détectée à 10H36 du matin (01H36 GMT), à environ 15,4 kilomètres au nord-ouest de Hwadaeri, dans la province de Hamgyong.
"La particularité de ces ondes sismiques indique qu'il s'agissait d'une explosion artificielle, et non d'un tremblement de terre", a expliqué le responsable aux journalistes.
La puissance de la bombe donnaient lieu lundi à des estimations contradictoires.
Selon M. Chi, la secousse a été mesurée à 3,58 sur l'échelle ouverte de Richter, soit l'équivalent de l'explosion de 800 tonnes de dynamite. L'Institut national de géophysique américain (USGS) a de son côté évoqué une secousse d'une magnitude de 4,2.
L'agence sud-coréenne Yonhap a cité un expert indiquant sous couvert de l'anonymat que l'explosion équivalait à 550 tonnes de TNT. A titre de comparaison, la bombe atomique qui avait détruit Hiroshima en 1945 était comparable à 12.500 tonnes de TNT.
A Moscou, en revanche, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a affirmé que la bombe avait une puissance de "5 à 15 kilotonnes" d'équivalent en dynamite.
Tous les observateurs s'accordaient en revanche pour dire que l'essai n'avait pas dégagé de rayons radioactifs.
"Nous connaissons précisément le lieu où a été effectué l'essai. La situation écologique est aux normes, y compris sur la partie russe de la région d'Extrême-Orient" frontalière de la Corée du Nord, a ajouté M. Ivanov.
"Aucune radioactivité n'a encore été détectée en Corée du Sud provenant de l'essai nucléaire présumé", a assuré pour sa part Han Seung-Jae, directeur du Département de prévention du risque nucléaire (NEPD) sud-coréen.
"Il pourrait ne pas y en avoir du tout si le test présumé a été conduit dans un lieu étroitement confiné tel qu'un tunnel profond et si tous les rayons radioactifs sont contenus," a-t-il estimé.
Lundi, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a affirmé qu'il n'y avait "pas de danger d'émission radioactive dans la conduite de l'essai nucléaire, car il a été mené à bien au terme de considérations scientifiques et de calculs prudents".
Le 3 octobre, en annonçant sa volonté d'effectuer un essai, Pyongyang avait promis de ne pas utiliser le premier l'arme nucléaire et d'interdire tout transfert d'armes et de technologie à l'extérieur du pays.
Les experts sud-coréens et américains estiment que Pyongyang a produit suffisamment de plutonium pour disposer de plusieurs bombes. Le régime stalinien revendique aussi un programme de missiles avancé, bien que sa capacité à frapper juste avec un engin doté d'une ogive nucléaire reste à prouver.
Le 5 juillet, la Corée du Nord a tiré sept missiles en mer, y compris un Taepodong-2 considéré comme techniquement capable de toucher l'Alaska.