Contrairement à ce que l'on entend parfois, "être schizo" n'est ni banal, ni anodin. La schizophrénie est une véritable maladie mentale qui nécessite un suivi médical et thérapeutique soutenu. C'est également une affection fréquente puisqu'elle touche environ 2% de la population.
Définition
"Les troubles schizophréniques se traduisent chez la personne atteinte par une difficulté de relation à elle-même et aux autres", explique le Pr Jean-Pierre Kahn, psychiatre et chef de service à l'hôpital de Toul.
Henry Ey, éminent psychiatre, définit lui cette maladie comme une psychose chronique caractérisée par "la transformation profonde et progressive de la personne, qui cesse de construire son monde en communication avec autrui pour se perdre dans une pensée autistique, c'est-à-dire dans un chaos imaginaire".
Population à risque
Les causes de la schizophrénie sont encore mal définies. Les spécialistes pensent cependant qu'elle est probablement le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs, associant notamment un disfonctionnement biochimique du cerveau et le stress associé à l'environnement. Par ailleurs, si l'on parle depuis longtemps d'un facteur génétique sans avoir de véritable certitude, les choses ont changé il y a quelques années : le 20 octobre 2000, un laboratoire islandais et un groupe pharmaceutique suisse ont annoncé avoir découvert un gène qui prédisposerait certaines personnes à devenir schizophrène. Affaire à suivre...
Deux catégories de symptôme
En matière de schizophrénie, les symptômes sont classés en positifs et négatifs. Les "positifs" relèvent d'une perturbation du fonctionnement cérébral normal : hallucinations (visuelles et/ou auditives), idées délirantes, troubles de la pensée, changement de la perception de soi, troubles du comportement. Les symptômes négatifs représentent eux un affaiblissement du fonctionnement normal : incapacité à ressentir et exprimer des émotions, manque d'énergie et de motivation, tendance à l'isolement et au repli sur soi.
Certains symptômes typiques sont donc à retenir :
- Hallucinations
- Isolement social
- Inadaptation par rapport aux soins personnels
- "Bizarreries" du comportement
- Discours vague, incompréhensible, inapproprié
Évolution et traitement
"La schizophrénie est une maladie chronique, qui évolue par poussée avec des périodes de rémission plus ou moins longues, rappelle le Pr Kahn. Il peut donc arriver qu'une première crise reste unique, mais c'est loin d'être la norme. "Le traitement consiste en la prise de médicaments, associée à des mesures d'accompagnement et à un soutien psychologique", ajoute-t-il. Les médicaments utilisés (des neuroleptiques) servent bien sûr durant l'épisode aigu, mais ils sont également utiles pour prévenir les rechutes. C'est pourquoi il est particulièrement important de ne jamais interrompre son traitement, même lorsqu'on se sent bien... De son côté, la psychothérapie va aider les patients à surmonter les difficultés que crée cette maladie, dans leur vie sociale et professionnelle, et à diminuer leur stress. Dans certains cas, on y associe une sociothérapie pour aider la personne à se réinsérer dans sa famille, son travail, et de manière plus générale, dans la société.
Comment l'entourage d'un schizophrène peut-il l'aider ?
Le rôle de l'entourage est vital. C'est d'ailleurs souvent un proche qui signalera la première crise, qui remarquera l'apparition des troubles. C'est aussi lui qui pourra repérer des signes d'alarme de rechute: tension, agitation, manque de concentration, trouble de la mémoire, sentiment de persécution, manque d'intérêt pour la famille et les amis, hallucinations, comportement "bizarre"... Une fois le diagnostic confirmé, il faudra ensuite savoir communiquer simplement et clairement avec le malade, trouver le juste milieu entre des stimulations excessives ou insuffisantes, éviter les facteurs de stress, définir un protocole d'action en cas de rechute. Tout cela sans oublier de se préserver, de ménager ses forces afin d'être toujours capable d'offrir le soutien nécessaire.