"Il n'y a pas de femmes frigides, il n'y a que des hommes maladroits", dit l'adage. Les choses ont changé depuis l'époque victorienne, où les préludes amoureux passaient pour une pratique efféminée... Mais encore de nos jours, les préliminaires ne tiennent pas toujours dans le couple la place qui leur revient.
Une étape essentielle du désir féminin
D'un point de vue physique, l'homme et la femme ne vivent pas la phase d'excitation qui précède l'amour sexuel de la même façon. L'homme parvient assez vite à ce que les sexologues appellent la " phase de plateau ", où son désir extérieur cherche à s'exprimer dans la pénétration. De son côté, la femme a une phase d'excitation plus lente et progressive, et ressent la stimulation immédiate de ses organes comme une agression. Il faut attendre pour que, petit à petit, le vagin gonfle et se dilate, pendant que la lubrification vaginale prépare le passage du pénis. Ainsi, d'après le docteur Gilbert Tordjman, sexologue : "le rôle principal des préliminaires est d'harmoniser le niveau des désirs des partenaires". Le plaisir féminin dépend souvent de cette phase essentielle, si bien qu'une étude récente a montré que 40 % des femmes atteignaient l'orgasme quand les préludes duraient de 1 à 10 minutes contre 60 % pour des préludes durant plus de 20 minutes.
Concert dans un jardin privé
Caresses du bout des doigts, effleurements des lèvres, étreintes, massages de la paume de la main, les variations des préludes sont infinies et chaque couple met en place un jeu et un code qui lui sont propres. La seule règle pour explorer le jardin de l'autre est de commencer avec délicatesse. Certains zones du corps sont souvent peu sollicitées et pourtant très sensibles comme le creux des bras, la face interne des cuisses, la courbe des hanches. Autour du sexe, certaines régions préparent le gland du pénis et le clitoris à la caresse de la main ou de la bouche : le ventre, le bord des petites lèvres, la zone entre le sexe et l'anus. C'est le moment aussi des mots chuchotés, des paroles qui renseignent sur le désir de l'autre. Plus que l'homme, la femme a besoin de sentir cette intimité psychique qui vient souvent du dialogue amoureux et qui la rassure sur l'amour qu'on lui porte. Elle associe alors plus facilement sentiment et sexualité, et rejoint le désir charnel de l'homme. D'après la formule de Gérard Leleu, sexologue : "là ou l'homme rêve d'aller, il y va, par la femme emmené ".